Dans cet ouvrage Régis Boyer cherchaitIl est décédé en 2017 comme l(indiquait Dominique Chathuant dans son article Le bateau viking type s’appelle knörr – Liquidons l’absurde mot français drakkar (Régis Boyer) à tordre le cou à beaucoup d’images stéréotypées et mythiques à propos des Vikings, en particulier sur leurs voyages vers l’ouest. Un ton enjoué rend la lecture tout à fait agréable. Le petit format en fait un livre à emporter en voyage.

Pour entrer dans le thème

Régis Boyer rappelle l’expansion vers l’est jusqu’à des terres lointaines, mais les mythes sont tournés vers le grand large, vers l’ouest. C’est donc cette histoire qu’il entend revisiter pour faire la part des connaissances et des affirmations fantaisistes.
Si des hommes et des femmes ont voyagé entre le IXe et le XIe siècle vers l’Islande et plus loin jusqu’au Labrador, ils sont les descendants des peuples celtes, Goths, Vandales… qui ont migré vers le Sud à la fin de l’Empire romain à la recherche d’une vie plus facile.

Ce premier chapitre en guise d’introduction présente le plan vers trois destinations : Islande, Groenland, Amérique mais l’auteur, l’écrit lui-même, aurait pu traiter du peuplement par les Scandinaves des îles Nord-Atlantiques (Orcades, Féroé…).

Islande

L’occupation de l’île s’est faite en plusieurs phases. Dans les années 850-911 les « raids vikings » entraînent une résistance dans les lieux de contact et obligent à un report des expéditions vers des régions plus vulnérables : Russie (Novgirod), Normandie (traité de St-Clair-sur-Epte) et l’Islande. C’est dans la période 870-930 que des familles s’installent. Il s’agit d’une population mêlée de Scandinaves et de Celtes partis des îles de l’Atlantique nord qui ont servies d’escales. Cette histoire est connue grâce au Landnamabok. L’auteur décrit cette société« le livre de la colonisation » en français.

C’est à ce métissage que l’auteur attribue les raisons du succès du « miracle islandais ». Il décrit une société de paysans propriétaires, fiers de leurs ancêtres et soucieux de maintenir les traditions. Le régime d’oligarchie est assez original et décrit dans les détails.

A la fin du Xe siècle une christianisation rapide apporte l’écriture qui permet de fixer les « sagas » comme celle d’Erik le rouge dont il sera question au chapitre suivant.

Groenland

Régis Boyer présente avec l’esprit critique indispensable, les deux textes de référence sur cette aventure la saga d’Erik le rouge et celle des Groenlandais. Erik le rouge s’installe au Groenland vers 985, venu d’Islande avec 14 bateaux et tous s’installent sur la côte sud de part et d’autre du Cap Farvel, ce que l’on sait grâce aux vestiges archéologiques des églises. L’habitat dispersé semble avoir abrité de 4 à 5 000 personnes. En 1126 un évêque s’installe à Gardarr.

Les habitants vivent de la chasse à la baleine et au phoque. Si le climat est humide et propice à un peu d’élevage, rien ne vient attester du « pays vert ». On ne sait rien ou presque des rapports avec les Inuits aux quels l’auteur consacre un paragraphe.

Reste un mystère, celui de la disparition du Groenland des Vikings au cours du XVe siècle.

Le Vinland

A noter le paragraphe introductif : « Le présent chapitre est, disons-le d’emblée, hautement conjectural […] Je suis personnellement de ceux qui sont persuadés que l’Amérique du Nord a été découverte, vers l’an mille, par les Islandais fixés au Groenland, mais sans dogmatisme. » citation p. 77.

Son raisonnement, doutant des mythes, s’appuie sur l’archéologie (Anse-aux-Meadows à Terreneuve), la philologie (Vinland), l’ethnologie (les contes inuits cités en annexe p ; 110 et suiv.) et la géographie puisque la navigation depuis la côte sud du Groenland paraît possible pour de bons navigateurs comme les Vikings. L’auteur revient ensuite sur la critique des textes des sagas.

Où il est question du Groenland et du Vinland

Ce court chapitre est une présentation des textes sources disponibles avec quelques extraits.

Ce sont d’abord les trois textes qui figurent dans les « Sagas islandaises » publiées en français dans la Pléiade. Sont présentés : Le livre des Islandais, Le Landnamabok, un conte inuit, la saga Snorri le godi, l’Histoire des archevêques de Hambourg d’Adam de Brême.