C’est à Antoine BoulantDocteur en histoire, Antoine Boulant est l’auteur de nombreux travaux relatifs à l’histoire politique, institutionnelle et militaire du XVIIIe siècle, de la Révolution et du Premier Empire. Il a notamment publié Saint-Just. L’archange de la Révolution, La Journée révolutionnaire. Le peuple à l’assaut du pouvoir, 1789-1795 ou Le tribunal révolutionnaire – Punir les ennemis du peuple que l’on doit ce nouvel opus de la collection Vérités et Légendes chez Perrin. Spécialiste de la période révolutionnaire, il apporte des réponses concises et nuancées, loin des mythes et des fantasmes, basées sur les recherches historiques les plus récentes, à 30 questions qui interpellent, interrogent et nécessitent une analyse indispensable, celle de l’historien. 

La Révolution française est, dans la mémoire collective, à la fois un moment fondateur et un temps de rupture dans notre histoire. Durant les dix années qui séparent la réunion des Etats généraux et le régime consulaire de Napoléon Bonaparte, les transformations engagées témoignent d’un renouvellement profond du paysage politique, institutionnel, administratif, économique, social, religieux, culturel ou militaire. La création des départements, la Constitution civile du clergé, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ou la vente des biens nationaux sont autant de preuves de l’ardeur réformiste des assemblées révolutionnaires. En cela, les patriotes de 1789 et des années suivantes ont bien fondé une société nouvelle en rupture avec les pratiques et les codes de l’Ancien Régime. Mais il ne faudrait pas occulter l’héritage précieux que représentent les penseurs des Lumières, les textes que sont l’Habeas Corpus ou la déclaration d’indépendance américaines ou les tentatives de réformes du XVIIIe siècle. Aussi, cette entreprise de modernisation et d’unification n’a pas bénéficié d’un soutien unanime et a même été vécue par une partie de la population comme un traumatisme majeur du fait de leur émigration, des violences subies ou des réquisitions. Enfin, si la Révolution est parfois interprétée au prisme des seuls évènements parisiens et des grands noms restés à la postérité (Robespierre, Danton, …), il ne faut pas en oublier la diversité et la singularité des acteurs, des dynamiques locales ou des contraintes régionales.

Au travers de ses 30 questions percutantes, Antoine Boulant nous donne donc l’occasion de nous interroger sur la nature, la diversité (géographique, sociale, culturelle, …) ainsi que sur les limites du processus révolutionnaire. En voici quelques exemples : 

  • La Révolution était-elle inévitable ? Si l’absolutisme de droit divin était à bout de souffle et la société d’ordres irrémédiablement condamnée, il n’était nullement question d’y mettre fin en 1789.
  • La Révolution est-elle fille des Lumières ? En dépit de son importance, la pensée des Lumières ne doit pas être interprétée au regard des évènements révolutionnaires, même si les patriotes s’en réclamèrent pour donner un sens aux bouleversements de 1789.
  • La Révolution a-t-elle été faite par le peuple ? Si le « peuple » a bien fait son entrée en politique (journées révolutionnaires, sociétés et clubs, …), une grande part de la population n’y a pas participé et les catégories les plus défavorisées n’y sont pas toujours représentées.
  • La Révolution s’est-elle radicalisée ? Les positions ont pu se durcir en lien avec les troubles économiques, les tensions religieuses ainsi qu’avec l’aggravation du contexte international et les premières défaites militaires.
  • Valmy a-t-elle été une grande victoire ? Davantage que dans les péripéties de la bataille, c’est dans la composition de l’armée française, qu’il faut chercher les origines du mythe : des hommes insuffisamment équipés, combattant pour la défense d’une nation qui venait de renverser son roi et de repousser les soldats d’une armée prussienne auréolée de victoires.
  • La Révolution a-t-elle inventé les droits de l’homme ? Il existe un solide héritage intellectuel basé sur des réflexions antérieures, de la Grèce Antique aux textes de l’époque moderne comme l’Habeas Corpus, ceux des philosophes des Lumières ou la déclaration d’indépendance américaine. Mais la DDHC revêt d’emblée une vocation universelle que reflète sa référence à un « homme » qui dépasse de loin le seul individu français. Pour autant le texte reste très largement imparfait et passe sous silence les droits sociaux ou la condition des femmes, des enfants, des juifs, des protestants ou des esclaves.
  • La Révolution a-t-elle fondé la démocratie ? Si elle représente une étape décisive dans l’éducation politique des citoyens, la Révolution fut aussi une période d’instabilité politique au cours de laquelle la force l’emporta parfois sur le droit.

Un ouvrage qui se veut généraliste, simple et très accessible. Agréables à lire, les courts articles permettront de consolider et d’actualiser les connaissances de tous les amateurs d’histoire et plus particulièrement de la période révolutionnaire. 

Pour les Clionautes, Armand BRUTHIAUX