Un royaume

L’Atelier des Cahiers est une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages présentant la Corée. Après la publication d’un rapport sur les recherches archéologiques à Kaesong en Corée du Nord en 2017, puis d’un guide culturel intitulé « Croquis de Corée » en 2018, d’une présentation du droit en Corée du Sud au printemps 2021, et d’un manuel présentant les spécificités de la recherche sur le terrain pour les chercheurs en sciences sociales travaillant sur la Corée du Nord en 2022, l’éditeur vient de publier un ouvrage savant sur le royaume de Koguryŏ.

Fondé en -37, le royaume de Koguryo occupe une partie de la péninsule coréenne et de l’actuelle Nord-Est de la Chine jusqu’à son effondrement en 668. L’historiographie actuelle témoigne des enjeux mémoriels en Chine, en Corée du Nord et en Corée du Sud : marge chinoise ou proto-état coréen en conflit avec Paekche et Silla ? L’art funéraire, particulièrement développé, permet de mieux connaître ce royaume méconnu.

Ce livre met l’accent sur les rares témoignages écrits (sur des stèles, des tombes, des bols ou des statues bouddhiques). Traduits du chinois classique par Olivier Bailblé, ils témoignent des échanges culturels et des transformations politiques de ce royaume qui s’étend sur le Nord-Est de la Chine, la Corée du Nord et une partie de la Corée du Sud actuelle.

Ce chapitre a donc pour simple ambition de présenter les textes fondateurs de la Corée, en mettant en évidence le vocabulaire constitutif à la cultre du Koguryo. Ce sont autant d’informations précieuses pour s’initier à l’histoire ce vieux royaume coréen né des ruines d’un hypothétique Ko Choson (ou Ancien Choson). Le corpus comprend en tout pour tout environ trois mille caractères chinois, ce qui est très peu, mais en parcourant ces lignes, le lecteur pourra appréhender un certain nombre d’aspects de la société de ce puissant royaume aux dimensions régionales, encore très peu connu du grand public.

Le Koguryŏ, ​un royaume de l’Asie du Nord-Est publié par l’Atelier des Cahiers, 2023, page 70

Allant du Ier siècle avant J-C. jusqu’en 612, les 18 textes comportent parfois des blancs en raison de l’impossibilité de lire certains sinogrammes abîmés. Du « chant des loriots » qui relate le départ de l’une des concubines du roi Yuri (-19 à 18 ap. J-C.) vers la Chine, jusqu’au poème d’Ulchi Mondok où le stratège coréen s’adresse directement à un chef militaire chinois de la dynastie des Sui qui a des vues sur son royaume en 612, ce corpus rassemblent la quasi-totalité des inscriptions retrouvées sur ce royaume lors de fouilles archéologiques. On notera la traduction en français des inscriptions lisibles sur le forteresse de « la longue paix » à Pyongyang datant de 566.

Source : Extrait tiré du livre « Le Koguryŏ, ​un royaume de l’Asie du Nord-Est » publié par l’Atelier des Cahiers, 2023, pages 44-45

Avec ses cartesréalisées par Aurélie Boissière que l’on retrouve régulièrement pour la réalisation des documents dans les Atlas des éditions Autrement, schémas et photographies en couleur, cette synthèse savante et sans équivalent en français sur le royaume coréen de Koguryo s’avère particulièrement instructive pour mesurer l’étendue actuelle des connaissances sur ce royaume et pour décentrer le regard sur l’Antiquité tardive et le Haut Moyen-Age.

Pour aller plus loin :

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Antoine BARONNET @ Clionautes