Découvertes lors de la recension d’un titre sur les bâtiments industriels de la métropole lilloise, les éditions « Le Passage » proposent ici un autre prisme patrimonial qu’est celui de l’immobilier universitaire.
Ces « lieux du savoir » se doivent d’évoluer avec leur temps pour s’adapter aux nouvelles pratiques (le numérique notamment) ou aux nouvelles normes mais surtout pour contribuer à l’attractivité des filières régionales.
Rédigé par un petit collectif de spécialistes en histoire, géographie et architecture, enseignants ou professionnels de terrain, cet ouvrage se donne pour mission de dépeindre de manière exhaustive la richesse et la diversité de ce patrimoine universitaire local.
En se basant sur un plan chronologique, le propos montre bien qu’à chacun des âges de la ville répond une localisation bien spécifique de ces structures d’enseignement.
Les premiers temps de la ville industrielle (1850-1914) ont surtout vu les bâtiments s’ériger dans le centre de Lille, la ville modernisée (1918-1964) les plaçant également intra-muros avec ici l’idée de « parcs universitaires » préfigurant les campus.
La période correspondant à la démocratisation des études supérieures (1965-1985) s’accompagne de nécessaires agrandissements devant trouver place en périphérie, à Villeneuve d’Ascq. Les styles diffèrent : le campus éclaté à l’anglo-saxonne de Lille 1 contraste avec la structure compacte de Lille 3.
Pour ce qui est de la ville complexe (1986-2010), ce sont les modifications des structures de l’emploi qu’il faut interroger. Nécessitant un brassage humain, des contacts et des rencontres se faisant en ville, les cursus se réimplantent dans les centres. Les opportunités se présentant justement dans le cadre d’anciennes friches industrielles, Lille retrouve des sites de formation mais également Roubaix et Tourcoing.
Plus floue car encore en cours, la période du projet « Campus Grand Lille » ambitionne de donner une visibilité internationale à la recherche, de diversifier l’offre régionale de formation et, de manière plus large, de rendre la ville plus attractive. On assiste à des sortes de « remembrements » de groupes, de laboratoires avec consolidations d’anciennes structures et construction de nouveaux sites (comme l’Ilot Gare à Roubaix ou la Plaine Image à Tourcoing). De quoi finalement rattraper son retard pour une région à l’histoire universitaire relativement récente.
L’analyse permet donc de questionner le modèle centre-périphérie au travers de cette boucle de retour à la ville, ce que la carte finale montre on ne peut mieux. Le propos permet également, à l’image de l’ouvrage précité, de bien comprendre les changements d’usage des lieux puisque chaque nom historique est accompagné de celui en vigueur actuellement lorsque cela s’avère nécessaire (exemple : « Institut Diderot » – aujourd’hui « Lycée Baggio).
La localisation aérienne colorée de chacun de ces sites aide grandement à les inscrire dans leur environnement immédiat. Les photographies du spécialiste Max Lerouge, nous donnent, quant à elles, l’envie de pousser les portes de ces nombreux bâtiments où l’on n’a pas étudié pour s’asseoir sur un banc d’amphithéâtre, sortir un livre d’un rayonnage de bibliothèque ou plus simplement, flâner dans les pelouses comme à l’époque !