Dans la continuité des tomes un et deux, parus récemment, les éditions Delcourt et Tonkam poursuivent l’histoire des déboires du jeune diplomate Mamoru Yuki, le « Raspoutine nippon », accusé d’être un traître à sa patrie et entraîné dans la machinerie judiciaire japonaise.
Défendre son honneur
Le combat de longue haleine entre Yuki et le procureur Nakamura, que les deux précédents seinen mettaient en avant de manière efficace, se poursuit encore. Faute de trouver la moindre faille sur Yuki et sur le député Tsuzuki, Nakamura change de braquet et prétend désormais vouloir « monter une affaire supplémentaire » et maintenir Yuki à sa disposition pour y parvenir. L’étude minutieuse du passé du diplomate se poursuit alors, notamment autour de l’admiration que ce dernier a pour Matohashi, Tabuchi et Hori, anciens premiers ministres. Chacun à leur façon a œuvré à la rétrocession des îles du Nord, forçant l’admiration de Yuki qui trouvait en eux le même désintéressement et le même sens du devoir que Tsuzuki.
Malgré la volonté du procureur, en lui rappelant combien son sort était précaire, Yuki continue de défendre l’action entreprise, quitte à mettre en péril sa carrière. Le procureur parvient alors à déstabiliser ce dernier en lui rappelant combien le tribunal médiatique avait déjà rendu son verdict, et que ce se faisant l’affaire, sans sa coopération, finirait par éclabousser l’ensemble de son service. Car après tout ne dit-on pas que les « fautes du père rejaillissent sur le fils » ?
Les attaques ne cessent pas, mais Yuki reste déterminé à ne pas flancher et à maintenir son honneur. Face à une administration à la recherche de popularité, flairant la bonne affaire pour se faire mousser et gravir rapidement les échelons, quitte à valider les théories de tous les journaux sans aucune vérification. La réalité doit se plier aux théories édictées par la presse, la population et reprises par l’administration.
Se fier à son instinct
Au cours de son isolement et des interrogatoires qui n’en finissent pas, Yuki replonge dans ses souvenirs, en poste en Russie, après la chute de l’URSS. Le pays dirigé par Eltsine est alors devenu l’espace de lutte entre services (FSB, GRU) et ministres pour se rapprocher du président et préparer sa succession. Au sein des représentants russes qu’il était alors amené à côtoyer, Yuki se rapprocha de Burbulis, un homme proche, un temps, d’Eltsine et qui entendait assurer la transition démocratique dans son pays pour mettre fin aux dérives tsaristes qui ressurgissaient alors. Malgré l’échec de ses tentatives et les pressions subies, Burbulis continua de conseiller Yuki et de livrer une analyse lucide du monde se transformant avec la montée des impérialismes. Un exemple de détermination auquel le diplomate pouvait se raccrocher encore à la clôture de ce troisième tome.