Les ouvrages consacrés à la didactique demeurent peu nombreux dans les colonnes de la Cliothèque : citons celui de Bernadette Merenne-Schoumaker pour la géographie, celui de Sylvie Lalagüe-Dulac, Patricia Legris et Charles Mercier pour l’histoire ou encore celui de Yannick Mevel et Nicole Tutiaux-Guillon pour le binôme histoire-géographie sans compter, bien sûr, ceux qui évoquent ces questions sans les faire apparaître expressément dans leur titre et qui n’y consacre pas la totalité du propos.

Le livre présenté ici est un dictionnaire général des didactiques, un recueil des concepts clés qui structurent les différentes didactiques et qui nous permet de reprendre un peu de hauteur quant à notre façon de penser et bâtir nos enseignements.

Rédigé à 5 plumes par des chercheurs du laboratoire Théodile-CIREL de l’université de Lille 3 et plus précisément sous la coordination du fondateur de cette entité, Yves Reuter, l’ouvrage se lit facilement parce que les entrées sont construites avec une progressivité simple et efficace : une « première approche de la notion », suivie « d’éléments d’éclairage » pour aller plus loin et enfin des « problèmes, questions, débats » soulevés par la notion pour ne pas s’en tenir qu’à la simple définition – le tout accompagné de quelques « éléments bibliographiques ».

Empruntant à toutes les didactiques, les textes nous invitent à nous interroger sur les fragiles équilibres à appréhender entre le réel et le prescrit (d’ailleurs, le didacticien doit-il rester un analyste neutre ou un prescripteur engagé ?), entre le savoir savant et le savoir transposé, entre les temporalités de l’enseignant et celles de l’élève ou encore entre la sphère de l’école et les pratiques extrascolaires.

Les éléments à prendre en compte pour réfléchir sur la conception de ses situations didactiques sont nombreux : activité, pratique, tâche, erreur, obstacle, institutionnalisation…l’attirail méthodologique permettant de les analyser avec recul est également abondant : transposition didactique, pratiques sociales de références, représentations, dévolution, système didactique…

En prenant l’angle de la géographie, la lecture montrera que malgré tout cet outillage, la discipline témoigne d’une faible « conscience disciplinaire », à savoir qu’elle est peu reconnue par les élèves (contrairement aux français, aux mathématiques, à l’EPS ou à l’histoire) mais aussi qu’elle peut se voir sérieusement questionnée sur son « rapport à », à savoir sur sa légitimité, son sens et son utilité sociale notamment lorsque les représentations sont tenaces. Il y a donc tout intérêt à investir du côté de la didactique comparée pour mieux cerner les apports de chacun à cet édifice commun qu’est la meilleure compréhension du monde qui nous entoure.

Une très précieuse collection des fondamentaux de cette indispensable « discipline contributoire » au travers un dictionnaire au succès affirmé puisqu’il s’agit là de la 3ème édition : on espérera davantage de travaux en géographie pour une éventuelle 4ème édition puisque la bibliographie générale ne compte que peu de références récentes spécifiques à la discipline (« Enseigner la géographie, un métier qui s’apprend » de Jean-François Thémines, « La géographie dans l’enseignement, une discipline en dialogue » de Christine Vergnolle-Mainar) aux côtés des travaux mixtes de François Audigier et Nicole Tutiaux-Guillon pour l’histoire-géographie. Et ce dictionnaire servira de source d’inspiration !