Nous avions déjà eu par le passé la joie de chroniquer le second livre du récit de la vie d’Alexandra David Néel à travers les souvenirs de sa dernière assistante Marie-Madeleine Peyronnet. A la faveur d’une cinquième réédition, signe du grand succès que rencontre cette bande dessinée, nous nous plongeons dans les premiers échanges et la naissance progressive d’un attachement profond entre la veille intellectuelle et sa jeune servante que narre ce tome 1.

S’ouvrant sur les mont enneigés de l’Himalaya, les premières planches nous plongent dans l’ermitage d’Alexandra David Néel, posé sur les contreforts du Tibet, lieu de refuge et de méditation où la parisienne nourrit le profond secret de gagner ce pays caché et fermé par les anglais, et notamment sa capitale Lhassa, dont aucune occidentale n’a encore franchi les murs. 

Bien des décennies sont passées au moment où Marie-Madeleine Peyronnet, jeune femme débarquée d’Algérie rencontre Alexandra David Néel en quête d’une nouvelle servante. Le fossé qui sépare ces deux femmes va paradoxalement les unir. Fraîchement recrutée, et devant quitter de manière précipitée son foyer et ses proches, Marie-Madeleine gagne la chambre d’hôtel puis la villa de sa nouvelle maîtresse située à Dignes. Surnommée Samten DzongLa forteresse de la méditation en tibétain, cette villa inhabitée depuis 4 ans deviendra le seul univers de notre narratrice pour les dix prochaines années.

Faisant peu à peu connaissance avec les lieux et ses nouveaux occupants peu réjouissants, Marie-Madeleine prend ses marques et découvre toute la complexité d’Alexandra David Néel. A la fois tyrannique et touchante, Alexandra David Néel fascine autant sa servante que le lecteur qui découvre, sous formes de flashback, la vie tumultueuse et exaltante qu’elle a vécu. Ce premier tome se focalise avant tout sur ses multiples tentatives pour gagner le Tibet, contrecarrées par les autorités anglaises. A force d’abnégations la philosophe orientaliste et bouddhiste pratiquante parviendra à entrer au Tibet où elle fera la connaissance de son guide, traducteur, et futur fils adoptif Aphur Yongden.

Erudite, lama confirmée, Alexandra David Néel a marqué son époque et fut l’objet de l’admiration de nombreux contemporains. Marie-Madeleine revient sur les hommes et femmes, illustres ou non, plus ou moins illuminés qui sont venus échanger avec la sage de Digne. Le tome se clôture sur la traversée du Mékong qui failli, en raison d’un accident, être fatal à l’exploratrice.

Les dernières pages de la BD sont consacrées à un corpus documentaire et biographique revenant sur la jeunesse, le parcours intellectuel, spirituel et politique d’Alexandra David Néel, dont la vie fut pétrie de liberté et d’indépendance avec les codes et les règles de son époque. 

Tout comme le tome deux que nous avons déjà recensé nous ne pouvons que conseiller la lecture de cette bande dessinée. Une lecture et achat de choix pour les CDI. 

La recension du tome 2 est ici, celles du tome 3 et du tome 4