Adaptation française de l’ouvrage anglophone « Underworld », ce documentaire rédigé par Jane Price et illustré par James Gulliver Hancock se propose d’offrir au jeune lecteur un panorama complet du monde souterrain.
Structuré autour de 9 chapitres introduits par une double page synthétisant utilement le déroulement à venir, l’ouvrage croise tout à fait bien les entrées liées au temps et à l’espace, parfois même dans un même chapitre à l’image du premier sur le « sous-sol » présentant la composition physique de la Terre et les fossiles qui s’y sont figés ou du second, « Terre gruyère », montrant que la formation des grottes a permis à l’habitat troglodyte de s’y développer à travers les âges.
Plus séparément, les historiens apprécieront le chapitre 4 (« mort et enterré », exposant les différentes pratiques funéraires de par le monde avec des développements sur les pharaons ou encore l’armée de Qin) mais également le chapitre 5, « cache-cache » où la grande variété de cachettes répond à la grande variété d’objets à cacher (trésors, réserves alimentaires…) ou de personnes (prisonniers de guerre, soldats, civils et même suppliciés à torturer). L’inventaire des méthodes imaginatives employées pour faire avouer n’importe quoi à n’importe qui, en double page 54-55, devrait en refroidir plus d’un…chevalet, vierge de fer, oubliettes, rats affamés et autres chèvres lécheuses….
Les géographes ne seront pas en reste en découvrant l’analyse du chapitre 6, « fortunes enfouies », sur les ressources naturelles de la planète avec une différenciation bienvenue sur la pluralité des types de mines et des types de gisements de pétrole. Enfin, deux chapitres, 7 et 8, focalisent sur le sous-sol de deux grandes villes, Paris et Tokyo. Comme dans l’ouvrage « La ville au fil du temps » de Peter Kent, Paris est dépeinte au travers de son métro, de ses catacombes mais aussi d’autres activités qui, hélas, ne sont pas détaillées ici (cinéma clandestin, fêtes dans les tunnels). Le choix de Tokyo n’est pas anodin pour la comparaison puisque la problématique est toute autre en raison de la sismicité et du manque d’espace (d’où la création de fermes souterraines).
Dans un ultime chapitre, « tunnels et technologie », l’auteur se demande si le sous-sol ne serait pas le lieu de l’observation scientifique de demain, ici ou ailleurs (sur Mars par exemple, une fois nos ressources totalement épuisées).
Un sujet passionnant et très habilement traité. La mise en page est dynamique avec illustrations de qualité et personnages proposant quelques dialogues humoristiques, les textes sont clairs, faciles d’accès et amèneront à l’acquisition d’un nouveau vocabulaire (le zonage de la vie animale du chapitre 3 distingue les trogloxènes des troglophiles et des troglobies). Les études de cas permettront de saisir des phénomènes récents (catastrophe des « 33 » du Chili de 2010) ou plus anciens mais qui retrouveront une actualité cette année (tranchées de la Guerre 1914-1918). On apprendra même sur les bunkers et tunnels secrets où nos élites peuvent se cacher en cas de coup dur ! Et nous alors ?