Voici un ouvrage particulièrement dense qui présente l’intérêt d’aborder tous les aspects du rôle de l’église aux côtés de la monarchie. Cette fameuse « alliance du Trône et de l’Autel » a commencé dès le XVIe siècle dans le contexte troublé des tensions religieuses qui marquent le début de la période.
Les principaux prélats de cours juin rôle important avec l’ensemble des monarques, de Louis XII à François Ier jusqu’à Louis XIV. L’auteur traite la question sous différents aspects.
Du point de vue religieux avec le rôle de l’église comme guide spirituel de la monarchie mais également du point de vue politique, notamment dans la période 1560 – 1610.
Pendant cette période, il faut tenir compte des dissidences religieuses, et notamment de cette loi de catholicité qui oppose le Saint cardinal au prince hérétique avec cette opposition entre le cardinal Charles de Bourbon, successivement évêque de Nevers, de Sainte et de Carcassonne. À cette époque, le clergé présent à la cour était déchiré entre deux obéissances, celle à la monarchie légitime et un soutien évident à la Sainte Ligue du duc de Guise.
Encore une fois, l’auteur examine plusieurs thématiques dans cet ouvrage superbement illustré où l’on trouve des reproductions de très belle qualité du Titien, Holbein le jeune et de Jean Clouet.
Au cours de son histoire, le clergé de cour, véritable Église dans l’Église, a été la cible de constantes critiques qui visaient surtout à disqualifier le statut et la piété de ces hommes proches du pouvoir et notamment des plus éminents d’entre eux, les prélats de cour. Il s’agissait par là de leur faire perdre le capital social et symbolique qu’ils avaient acquis en revêtant l’habit ecclésiastique. Accusés de se parer du manteau de la religion pour arriver à leurs fins, ils étaient affublés de tous les maux, de tous les péchés, de toutes les hétérodoxies.
Ce livre analyse la fabrique de ces poncifs, longtemps repris par les historiens, pour les écarter et comprendre la place, l’organisation et la fonction de cette Église curiale dans le système politico-religieux de l’Ancien Régime. Il propose un examen synchronique et diachronique du phénomène, pour la première fois étudié de façon synthétique et problématique. L’ouvrage se place dans la perspective du temps long, à partir du cas français où le projet d’une monarchie ecclésiale s’est posé avec une particulière acuité : il envisage le clergé aulique de son avènement, à la fin du Moyen Âge, jusqu’à sa profonde mutation et son lent déclin, consécutifs au Grand Siècle louis-quatorzien.
Pourquoi, pendant plusieurs siècles, l’État dit « moderne » et les princes ont-ils éprouvé le besoin de fonder leur autorité sur l’Église pour se construire et s’affirmer ? En quoi, à l’inverse, cette insertion aulique du clergé a-t-elle contribué à servir les intérêts ecclésiaux, quitte à en transformer non pas tant les objectifs de christianisation de la société et du monde que les moyens d’y parvenir ? Telles sont les questions que pose ce livre et auxquelles l’auteur se propose de répondre à travers une nouvelle grille de lecture et d’interprétation de l’agencement du politique et du religieux à l’époque moderne. Ce faisant, il réexamine des concepts comme ceux de sécularisation, de confessionnalisation, de religion royale, d’engagement politique ou de sacerdoce public, qui font débat chez les historiens et plus généralement dans le champ des sciences humaines et sociales.
Benoist Pierre est professeur d’histoire moderne à l’Université François-Rabelais de Tours, au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance, et membre junior de l’Institut Universitaire de France. Agrégé et docteur en histoire, il est diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris et de l’Institut Universitaire Européen de Florence. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages centrés sur les relations nouées entre le politique et le religieux à l’époque moderne.