Difficile d’être plus passionné qu’Yves Aubard. Féru d’histoire régionale, il a conçu sa saga des Limousins sur 30 volumes. Ce 17ème volet conduit le lecteur en Orient jusqu’à Antioche conquise en 1098. Dieu le Veut raconte assez fidèlement les affres de la première croisade. Les membres de la famille du seigneur de Châlus suivent les différentes expéditions par choix ou par obligation.

Tandis que le pape Urbain II poursuit son tour de France pour prôner la reprise du tombeau du Christ à Jérusalem aux mains des infidèles, le roi Philippe se morfond à Paris après son excommunication. Les grands barons, comme Guillaume d’Aquitaine parcourent leur contrée afin de recruter des troupes pour la croisade.

Après ses prêches en Champagne, Pierre l’Hermite lance la croisade des pauvres vers la Germanie. Si la traversée de l’Allemagne se fait sans problème, on entend parler de pillages et de massacres de juifs pendant la progression des croisés alors qu’ils ont financé nombre de fidèles en partance vers la Terre sainte (on estime à 5 000 personnes d’après Foucher de Chartres, un chroniqueur de la croisade). Le problème du ravitaillement s’avère crucial et bien des exactions sont commises. Cependant, l’empereur byzantin Alexis recommande de nourrir et d’escorter les croisés jusqu’à Constantinople. Passés sur l’autre rive du Bosphore, les chrétiens se replient sur Civetot où ils se font massacrer par les Turcs après des divisions entre eux (octobre 1096). Certains prisonniers deviennent les esclaves du sultan et les femmes choisies rejoignent son harem.

Alors que la croisade des pauvres connait une triste fin où Pierre l’Hermite est épargné, les barons se mettent en route progressivement. En fin d’ouvrage, l’auteur a placé une carte qui résume bien les trajectoires empruntées par les dirigeants des expéditions comme Godefroy de Bouillon ou Hugues de Vermandois en y ajoutant les croisés limousins participants en rouge. Tous convergent vers Constantinople après des déconvenues et de fortes négociations à mener.

Les barons entendent chacun prendre le commandement des armées croisées et rechignent à prêter hommage au Basileus qui demande des garanties sur ses terres.

Pendant que les descendants du seigneur de Châlus décident de former un corps d’armée à eux seuls et de se battre ensemble, les armées se portent à Nicée qu’ils prennent aux Turcs et rendent aux Byzantins. Puis ils empruntent des routes différentes pour arriver à Antioche fortifiée par les Byzantins mais détenue par les Turcs. Bien des surprises et des traîtrises attendent les chrétiens. Plus d’une année de siège les conduit à la victoire en juin 1098.

L’auteur relate également la redécouverte  par Pierre Barthélémy de la relique de la Sainte Lance, une affaire contestée à l’époque par l’évêque Adhémar du Puy, le légat du pape qui en aurait vu une autre à Constantinople.

Yves Aubard conçoit un récit passionnant même si les personnages secondaires se multiplient et sont parfois difficiles à suivre. Son vocabulaire choisi permet de s’immerger parfaitement dans les événements historiques avérés mais aussi dans les aventures de ses héros fictifs. Le 18e volume est déjà paru, L’avoué du Saint-Sépulcre qui devrait permettre d’atteindre enfin le fameux tombeau.

Comme indiqué dans les précédents articles, on peut retrouver le récit des premiers tomes et son univers sur le site, relire la recension du tome 13 , celle du tome 14 , celle du tome 15  et enfin du tome 16 sur la Cliothèque.