C’est la bataille des Plaines d’Abraham qui oppose le 13 septembre 1759, l’armée britannique, commandée par le major général James Wolfe, et l’armée française, dirigée par le marquis de Montcalm qui fait l’objet de cet ouvrage. Elle annonce la perte de la Nouvelle-France.

C’est en Amérique que se déroulent les premiers affrontements de ce qui va devenir la guerre de Sept Ans.

Les tensions

Cette premier chapitre est consacré au contexte d’une opposition ancienne entre Royaumes de France et d’Angleterre. En Amérique les tensions s’inscrivent dans la querelle entre deux puissances coloniales.

La Nouvelle-France est décrite avec son vaste « Pays d’en haut », considéré par certains à Versailles comme un fardeau financier. Au plan administratif, la gestion est assurée par un gouverneur général et un intendant et défendue par 2 400 soldats dispersés sur le territoire du Canada et des Grands Lacs et 1 000 autres postés à Louisbourg. Ils peuvent être soutenus par la milice canadienne.

Les Treize Colonies britanniques sont moins étendues mais plus densément peuplées. Elles sont administrées par un gouverneur, un conseil et une assemblée élue.

Au milieu du XVIIIe siècle les frontières entre les deux colonies sont des enjeux économiques et politiques. Roland-Michel Barrin de La Galissonière, gouverneur général intérimaire de la Nouvelle-France, décide en 1749 d’occuper militairement des territoires revendiqués par la Grande-Bretagne : en Acadie et dans l’Ohio, la rivière est importante pour les Français car c’est la voie de communication la plus rapide entre le Canada et la Louisiane. Du côté britannique en 1747, des Virginiens fondent l’Ohio Company of Virginia pour coloniser cet espace. Pour soutenir leurs visées opposées les deux camps recherchent l’alliance des peuples amérindiens.

En 1754, la majorité des nations autochtones menacées par l’expansion britannique sont alliées de la France. Français et Autochtones vont combattre ensemble contre un ennemi commun, mais selon des règles différentes.

Ce premier chapitre décrit l’affaire Jumonville : miliciens virginiens mais aussi Français veulent installer un fort au confluent des rivières Ohio, Alleghany et Monongahelaà l’emplacement actuel de Pittsburgh un incident éclate entre George Washington, lieutenant-colonel de la milice virginienne et Joseph Coulon de Villiers de Jumonville chargé de protéger la construction du fort. La mort au combat de ce dernier entraîne la riposte française, Washington et ses hommes vaincus repartent à l’est des Appalaches.

Les tensions entre les deux métropoles grandissent avec l’envoi de renforts en Amérique. Le 8 juin 1755, trois navires français se retrouvent face à la flotte britannique au large de Louisbourg ; la guerre devient inévitable.

La guerre

Les principaux événements se déroulent sur les champs de bataille nord-américains entre 1754 et 1758. Edward Braddock arrivé en Virginie le 20 février 1755 dispose de peu de temps pour imaginer l’invasion de la Nouvelle-France, il suit les directives londoniennes même si elles semblent peu adaptées au terrain américain. Les pertes britanniques sont considérables, notamment du fait des attaques des guerriers autochtones, dans l’offensive contre le fort Duquesne (Ohio).

Ce chapitre décrit les mouvements de troupes, les alliances et les moment de cette guerre qui désormais s’étend sur le continent européenTraité d’alliance Grande-Bretagne-Prusse en janvier 1756. traité franco-autrichien 1er mai.

Comme celle de1756, la campagne de 1757 se termine en faveur de l’armée française en Nouvelle-France, malgré une situation économique difficile : mauvaise récolte« la garnison française en poste à Québec est contrainte de manger du cheval. » Citation p. 35. D’autre part à Québec le Gouverneur de Vaudreuil et le chef militaire Montcalm s’opposent sur de nombreuses questions.

En 1758, William Pitt est décidé à gagner cette guerre, il a la supériorité maritime. Le siège de la forteresse de Luisbourg débute le 8 juin 1758 et se termine par sa reddition le 26 juillet. Les Anglais détruisent les pêcheries du golfe du Saint-Laurent. Dans le même temps les troupes coloniales remontent jusqu’au lac Champlain où Montcalm et ses 3 500 soldats sont retranchés dans le fort Carillon. L’année 1758 marque le tournant de la guerre en Amérique.

Le Siège

L’appel à l’aide de la Nouvelle-France n’est pas entendue à Versailles : « L’émissaireLe capitaine de Bougainville obtient finalement 2 ingénieurs, 24 canonniers et350 recrues embarqués sur 2 frégates armées d’une vingtaine de canons. Quant aux vivres, composés essentiellement de farine, de lard, de boissons et de marchandises sèches, ils sont entassés sur une quinzaine de bâtiments escortés par six frégates de la marine marchande. Aucun vaisseau de guerre n’accompagne le convoi.»Citation p. 44.

Montcalm décide, au début de la campagne de 1759,de concentrer ses forces à la défense de la vallée du Saint-Laurent. Les Anglais ont un plan d’attaque sur trois fronts. James Wolfe est chargé de prendre Québec, symbole de la France en Amérique, par le Saint-Laurent. La remontée du fleuve est décrite, tandis que Montcalm tient à Québec le 23 mai un conseil de guerre. L’auteur montre les faiblesses de la défense de la ville.

« Le 26 juin, les premiers navires de transport britanniques jettent l’ancre au large de l’île d’Orléans.En réaction, les troupes françaises renforcent leur position dans le secteur de Beauport.»P. 54.

C’est le début du siège de Québec qui est rapporté avec précisionSur cet épisode : Québec, 1759 : le siège et la bataille, Charles Perry Stacey, Québec, Presses de l’université Laval, 2009 et Le journal du siège de Québec du 10 mai au 18 septembre 1759, Bernard Andrès, Patricia Willemen-Andrès, Québec, PU Laval, 2018.

Le siège s’éternise, en août, pour décourager les miliciens canadiens, l’armée britannique applique une véritable politique de terreur : incendier des maisons et des fermes, vol de bétail, dévastation de la rive sud de la pointe de Lévis à Kamouraska.

La bataille

Début septembre, l’hiver approche alors que l’approvisionnement des Français est faible. Pendant ce temps les Anglais qui veulent en finir avant la mauvaise saison prépare une attaque en amont de la ville à l’anse au Foulon. Attaquant par la falaise ils créent la surprise qui précède la bataille en rase campagne dans la « plaine d’AbrahamUn musée est consacré à cette bataille ». Le récit complet de l’affrontement montre la violence des assauts qui causèrent la mort tant de Wolfe que de Montcalm.

L’hiver

Le 15 septembre, le chevalier de Lévis qui commande lez troupes après la mort de Montcalm rejoint Vaudreuil à la rivière Jacques-Cartier. La ville affamée demande la capitulation, signée le 18 septembre. Les Britanniques vont s’emparer des vivres, occuper et fortifier la ville contre une éventuelle contre-attaque française.

La situation de la population devient très difficile : « « les particuliers de la ville sont sans bois pour leur hivernement, sans pain, sans farine, sans viande et ne vivent que du peu de biscuit et de lard que le soldat anglais leur vend de sa ration. Telle est l’extrémité où sont réduits les meilleurs bourgeois, on peut facilement juger par là de la misère du peuple et des pauvres ».D’après l’évêque de Québec, M gr de Pontbriand cité p. 92.

L’hiver 1760 n’est guère plus clément pour les 7 000 hommes des troupes britanniques.

La revanche

Ce chapitre est consacré aux manœuvres militaires des Français sous les ordres du chevalier de Lévis qui quitte Montréal le 20 avril 1760. Les combats s’engagent à Sainte-Foy avec les troupes dirigées par Murray. Malgré quelques succès les français sans soutien possible de Versailles depuis la victoire navale des Britanniques dans la baie de Quiberon.

Vers la paix

Le chevalier de Lévis, avec ses 2 000 hommes, est bien faible face à la machine de guerre britannique commandée par Jeffery Amherst qui est désormais installée à Québec, sur les lacs Champlain et Ontari. D’autre part le Canada coûte cher : dépenses de 11 millions de livres en 1756, à 30 millions en 1759.

Murray remonte le fleuve avec ses troupes envoyant des patrouilles à terre pour menacer les habitants du ravage de leurs terres et l’incendie de leurs maisons. Début septembre, Vaudreuil, soucieux des intérêts de la colonie ordonne à Lévis de se conformer à la capitulation et de rendre les armes. Le 8 septembre, la capitulation de Montréal est signée et les troupes progressivement rapatriées vers la France. Les Canadiens sont soumis à un serment de fidélité au roi d’Angleterre.

Les combats se sont achevés en septembre 1760 et la paix : le traité de Paris est signé le 10 février 1763,  :

« Sa Majesté Très Chrétienne renonce à toutes les Pretensions, qu’Elle a formées autrefois, ou pû former, à la Nouvelle Ecosse, ou l’Acadie, en toutes ses Parties, & la garantit toute entiere, & avec toutes ses Dependances, au Roy de la Grande Bretagne. De plus, Sa Majesté Très Chretienne cede & garantit à Sa dite Majesté Britannique, en toute Proprieté, le Canada avec toutes ses Dependances, ainsi que l’Isle du Cap-Breton, & toutes les autres Isles, & Côtes, dans le Golphe & Fleuve S’ Laurent, & generalement tout ce qui depend des dits Pays, Terres, Isles, & Côte. »Selon l’article 4, cité p. 125-126

L’héritage

La mémoire de ce point de rupture que constitue la bataille des plaines d’Abraham du 13 septembre 1759 reste très présente au Québec. L’auteur rappelle l’origine du nom : cet espace,propriété des Ursulines, était fréquenté, au début du XVIIe siècle, par le troupeau d’un certain Abraham Martin.

Ce chapitre montre que cette bataille a été commémorée par les deux camps au XIXe siècle. Pour le 300e anniversaire de la ville de Québec (1908) l’idée de créer un parc depuis les murs de la Citadelle jusqu’à la propriété des Ursulines, incluant le monument des Braves sur le chemin Sainte-Foy rendrait hommage au deux batailles de Québec. Au fil du XX e siècle, le parc à une double vocation de parc urbain et de site historique.

De nombreux documents iconographiques donnent à voir les différents temps de ce conflit.