Radisson qui a rejoint Trois-Rivières après une expérience mouvementée chez les Iroquois, part avec Des Groseilliers, son beau-frère explorer pour la région du lac Supérieur en 1659-1660. Leur but : grâce aux alliés autochtones des Français, remplacer les Hurons comme intermédiaires dans la traite des fourrures et acquérir les précieuses peaux de castor indispensables à la survie de la colonie.

Ce sont de nouvelles nations qui entrent dans la saga Radisson : les Saulteux ou Panoestigons, les Cheveux Relevés ou Outaouacs, les Menominis, les Nadouceronons ou Sioux des bois, Cristinos ou Cris que l’auteur Martin Fournier, écrivain mais aussi historien présente brièvement en introduction. Il rappelle que, dans les écrits ceux de Pierre-Esprit Radisson ou ceux des missionnaires Récollets comme Jésuites, s’ils sont nommés, il est toujours difficile de les identifier de façon certaine. La plupart sont de langue algonquienne et en relation avec les Hurons ou Ouendats. Les cartes qui figurent en début et dans le volume permettent de suivre le périple des deux hommes dans une région alors inconnue des Français.

Juin 1659 Deux expéditions se préparent celle de Des Groseillers vers les Grands Lacs malgré la menace iroquoise toujours très présente et celle des Jésuites et du gouverneur vers le Nord par la Saguenay. On découvre que l’attrait des fourrures rend les ententes difficiles, volonté du gouverneur de contrôler et de s’enrichir, concurrences entre coureurs de bois. L’arrivée de canots amérindiens à Trois-Rivières avec des fourrures permet aux deux beaux-frères de quitter le village malgré l’interdiction du nouveau gouverneur de Québec. Mais la route est longue jusqu’aux Grands Lacs, pleine de dangers : les rapides mais surtout les Iroquois en embuscade sur la rivière Outaouais. Arrivés au bord du lac Nipissing après 18 jours de voyage, Radisson découvre que la route est encore très longue. Il apprend peu à peu la langue des Indiens Saulteux qui les emmènent chez eux plus à l’ouest, là où ils ont fui pour se protéger des Iroquois. C’est une occasion pour découvrir la navigation en canot d’écorce sur ces lacs qui peuvent être agités par le vent. Ils traversent ainsi le Lac Immense, aujourd’hui Lac Supérieur jusqu’à la Baie ChagouamigonCarte p. 106; il leur reste cinq jours de marche pour atteindre le campement refuge des Saulteux- Panoestigons. Mais ce refuge n’est pas très sûr, ils ont été mal accueillis par les peuples qui vivent depuis longtemps sur ce territoire. C’est pour acheter la paix avec les Nadouceronons-Sioux des bois qu’ils ont fait ce très long voyage vers Trois-Rivières et les marchandises européennes si convoitéesPour mieux comprendre ces tensions on peut se reporter à Richard White Le Middle Ground – Indiens, Empires et républiques dans la région des Grands Lacs 1650-1815, Toulouse, Editions Anacharsis, 2020. Vivent dans ce territoire des peuples aux langues et cultures différentes, les Menominis cueillent le riz sauvage alors que les Nadouceronons cultivent le maïs et chassent le bison.

Habitation traditionnelle des Panoestigons (Ojibwés) vers 1925. Référence : © Martin Fournier, tous droits réservés ; Habitation de Mr. Bearskin, Northern Great Lakes Visitor Center, Ashland, Wisconsin, 2013. ‘extrait de https://blogue.septentrion.qc.ca/2016/09/6-les-aventures-de-radisson-supplement-numerique/
Habitation traditionnelle des Panoestigons (Ojibwés) vers 1925.
Référence : © Martin Fournier, tous droits réservés ; Habitation de Mr. Bearskin, Northern Great Lakes Visitor Center, Ashland, Wisconsin, 2013. ‘extrait de https://blogue.septentrion.qc.ca/2016/09/6-les-aventures-de-radisson-supplement-numerique/

L’auteur décrit la vie exaltante, pour le jeune Radisson, et pleine de dangers dans cette contrée où ils sont les premiers blancs au milieu d’Indiens dont ils ne connaissent pas la culture. Un rude apprentissage de la vie de coureur des boisSur cette vie entre deux mondes voir : Gilles Havard, Empire et métissages, Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715, Québec, Éditions du Septentrion, 2017, 2e édition que le héros était venu chercher en Nouvelle-France.

C’est le contact entre deux mondes technologiques : « L’Indien éprouve la solidité d’un bout de bois qui a le diamètre d’un poignet, puis d’un seul coup, Radisson ou Des Groseilliers le coupe en deux. L’impact est considérable sur ceux qui assistent à cet exploit impossible à réaliser avec une hache de pierre »Citation p. 128.

Lors de ce voyage, Radisson et Des Groseilliers se sont retrouvés au milieu de milliers d’Amérindiens de nations différentes, certaines étaient inconnues et peut-être hostiles et en concurrences pour servir d’intermédiaires de traite du castor, si loin de la Nouvelle-France. L’hiver est propice aux récits des mythes fondateurs mais aussi une période de disette.

Une grande fête permet la première rencontre des Européens avec les Sioux, la description renseigne sur façons diplomatiques des Premières Nations ainsi que sur les jeux organisés lors de ces grandes rencontres.

Des Groseilliers a remporté son pari : unir les différents groupes entre eux et en faire ou refaire des alliés des Français. Reste à attendre les peaux de castor qu’ils comptent rapporter à Montréal, rendez-vous est pris les berges du Lac Supérieur. De ce périple ils rapportent des alliances plus ou moins fiables. Avec les Cris c’est une invitation à créer un commerce direct, Des Groseilliers va-t-il suivre son rêve d’atteindre avec eux la grande mer salée du nord ? D’autant que les Cris disent avoir vu un grand navire avec des ailes blanches. Est-ce la solution rejoindre les territoires de chasse des Cris par la mer ? Les deux Français promettent de suivre ce chemin pour les revoir et commercer.

28 mai 1660, trois cents Indiens alliés, Radisson et Des Groseilliers et beaucoup de fourrures de castor et 250 canots prennent le chemin du retour. C’est une véritable expédition, sera-t-elle attaquée par les Iroquois avant l’arrivée à Montréal ? Ils arrivent à Montréal le 19 août.

Après la fête à Montréal et à Trois-Rivières Radisson et Des Groseilliers convoqués à Québec, le siège du pouvoir., eux qui sont partis malgré les ordres. Des Groseilliers est emprisonné au château Saint-Louis. Tant qu’ils n’auront pas réglé un lourde amende qui pourrait bien remplir les coffres de la colonie voire les siennes. Même si Des Groseilliers enfin libéré décide d’aller se plaindre au roi et va naviguer sur Don de Dieu avec les fourrures rapportées, ce coup du sort n’est pas sans lien avec leur alliance avec les Anglais dans la suite de la grande aventure : Le Castor ou la vie – Les Aventures de Radisson, 1661-1670, le tome 4 de la saga Radisson.

Un supplément documentaire de 6 pages replace l’aventure dans son contexte historique.

Pour compléter la lecture de ce livre voir le supplément numérique qui propose des documents et de courtes vidéos.