« Pour l’enfant, amoureux des cartes et des estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! Que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit. »

C’est par cette citation de Charles Baudelaire que l’auteur du Dessous des Cartes engage le lecteur à pénétrer dans cet atlas géopolitique. On ne présente plus Jean-Christophe Victor. Fils de Paul-Emile Victor, il est le directeur scientifique du Lépac (Laboratoire d’études prospectives et d’analyses cartographiques). Depuis près de 20 ans, inlassablement, il explique de manière professorale les mécanismes géopolitiques en œuvre dans le monde actuel. Tout cela avec peu de moyens : quelques cartes animées. Et ça marche ! Le public est au rendez-vous. La chaine Arte vient même de programmer l’émission le samedi soir à 19h30, comme à ses débuts, après l’avoir cantonné, pendant des années, en seconde partie de soirée pour des géographes insomniaques.

L’objectif de cet atlas compact est de rendre intelligible le monde. Nous sommes envahis d’informations et nous avons beaucoup de mal à faire les connexions entre toutes ces informations. Il faut analyser le monde comme un système et comprendre que ce qui se passe ici à des impacts ailleurs. Pour autant, le temps du monde n’est pas fini. Nous n’allons pas à la catastrophe. « Je n’y crois pas une seconde : tout est ouvert, tout est devant, tout commence. » Jean-Christophe Victor propose plutôt que d’employer le terme crise d’utiliser celui de mutations. Il croît aux génies des générations actuelles et futures. « Rien n’est écrit, (…) chacun de nous est responsable, (…) chacun est un acteur. L’Histoire, c’est nous qui la faisons. »

Près de 70 itinéraires géopolitiques sont proposés dans ce volume. Organisés en trois grandes parties, ils donnent les clés de compréhension de la puissance politique, de l’économie mondiale et interrogent sur les atteintes portées à l’environnement. Toute une série de parcours propose des focus sur des conflits armés qui se déroulent sur des théâtres d’opérations lointains mais aussi sur des violences moins évidences comme par exemple la peine de mort et son abolition très différenciée selon les espaces. Enfin, les mobilités ne sont pas oubliées qu’elles soient internationales, urbaines ou numériques. L’ensemble s’achève sur un tableau général qui propose de comparer des indicateurs tels que l’espérance de vie à la naissance, la mortalité infantile, les dépenses de santé, les dépenses militaires et les dépenses liées à l’éducation sur une période de 20 ans (1990 – 2010). Le lecteur est amené à constater que le monde va mieux même si des inégalités criantes existent encore.

Un atlas optimiste à offrir à tous. Surtout que son prix est modique : 14,90€. Normal ! Il a été imprimé à Singapour. Voilà un bel exemple de la mondialisation !

Catherine Didier-Fèvre ©Les Clionautes