La revue « La Géographie » dont la tentative de vente en kiosque a hélas été trop brève (7 numéros en 2008 et 2009) continue sous l’égide de la société de Géographie sous une maquette moderne, richement illustrée une soixantaine de pages au format 17 x 22,5.
Un numéro spécial Fig est consacré à l’Afrique plurielle.

L’Afrique plurielle

Sous la plume de Jean Pierre Raison, c’est un bilan des regards pessimistes mais aussi optimistes sur l’Afrique qui ouvre ce numéro.

Un entretien avec Alain Dubresson pose l’importante question: Comment parler de l’Afrique?
Il montre comment les géographes qui travaillent en Afrique utilisent peu les statistiques, peu disponibles dans les années 50/60, souvent peu fiables aujourd’hui. Vivre et travailler après des populations confère aux géographes un regard qualitatif. Il rappelle que le tome consacré au continent dans la G.U. publiée sous de direction de Roger Brunet, les auteurs ont choisi Afriques, mais ce n’était pas tout à fait une nouveauté. Une pluralité que la crise des 20 dernières années à amplifier.

A la question des relations antre discours européen et traces de colonialisme, l’auteur reconnaît la difficulté de cette question et revendique à la fois l’honnêteté du chercheur et l’intérêt épistémologue du doute. Il conclut sur l’idée d’un décalage de l’Afrique sub-saharienne, ce qui semble primordial est de bien définir l’échelle d’observation pour appréhender les changements récents.

Un court article de Marie Morelle présente un point de vue sur les enfants des rues. Au-delà des clichés elle montre que la déstructuration des familles durant la crise de l’ajustement structurel est le point de départ d’une vie d’errance.

C’est à Jean-Robert Pitte que revient la question des conditions du développement de l’Afrique. Dans un article, assez classique pour ce sujet, il propose un rapide et sombre bilan de la situation, cherche à en identifier les causes: insuffisant niveau d’éducation en particulier des filles, manque d’intérêt pour l’écrit qui explique, selon lui, le décollage asiatique. Il propose de tourner la page de l’histoire de l’esclavage et des colonies pour que l’Afrique puisse aller de l’avant et considère la diversité ethnique comme une richesse.
A la suite de Moussa Konaté (L’Afrique Noire est-elle maudite – Fayard- 2010) il voit la solidarité au sein de la famille élargie comme un frein.
Il évoque brièvement les indicateurs d’espoir: allongement de l’espérance de vie, croissance du PIB et de l’IDH de nombreux pays, émergence d’une classe moyenne, intérêt de nouveaux partenaires: Chine, Inde, Brésil ou Turquie.
Sa conclusion: nécessité d’être afro-optimiste.

Une très intéressante carte sur les migrations de Philippe Rekacewicz, géographe et journaliste au Monde Diplomatique : Mourir aux portes de l’Europe.

Regards sur l’Afrique

De courts extraits d’un ouvrage de Jacques Weulersse: Sénégal, Soudan, la forêt… , des portraits sensibles.

Un paysage de Haute Volta décrit par Pierre Gourou dans Terres de bonne espérance, paru en 1982.

Une réflexion de Charles Eloi Vial sur Ste Hélène, invention d’île par Napoléon.

En partenariat avec la BNF, quelques documents iconographiques de l’exploration du continent que le format met peu en valeur.

Les nouvelles de la géographie

Actualités de la discipline, du festival du film de Locarno en août dernier à un détour par le zoo du Bronx : l’Afrique sauvage et exotique.
Un article de Christian Grataloup : essai de géo-histoire, échange inégal des pandémies à l’époque des grandes découvertes et en une page de Sylvain Tesson une interrogation sur la dualité du développement durable et de la soif de consommer des pays émergents.

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