Avec aujourd’hui un tiers de l’humanité vivant à moins de 100 mètres des côtes, la citation contenue dans le sous-titre de cet ouvrage ne peut que prendre pleinement son sens : « Qui tient la mer tient le monde ! »
Enseignant définissant lui même son parcours comme atypique, l’auteur Pierre Royer entreprend d’expliquer la géopolitique maritime actuelle en réhabilitant d’abord le rôle des mers et des batailles navales dans l’histoire mais également en montrant que le transport maritime est celui qui a le plus progressé en termes de capacités.Voir sur ce point ce CR: http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article3796
L’analyse s’intéresse ensuite aux dimensions sociologiques (les ports, de plus en plus grands et de plus en plus en réseaux, sont de plus en plus détachés de la ville et coupent le marin de ses distractions potentielles – « les sociétés portuaires y ont perdu en pittoresque et animation ce que l’efficacité économique y a gagné »), environnementales (pistes de l’aquaculture en raison des effets néfastes de la surpêche sur des espèces qui doivent avancer leur maturité sexuelle pour subsister; pollution au pétrole, ce « pot au noir ») et bien sur d’aménagement qui font évoluer les définitions et les classements (en « aires portuaires » puisqu’un port n’est rien sans son hinterland; avec un tout simple mais intéressant ratio ZEE/superficie terrestre pour bien différencier les cas de figures). A tout cela s’ajoute évidemment le portrait de chaque entité, du « Grand bleu » aux « Méditerranées ».
Si l’ouvrage s’était ouvert sur le rôle historique des combats en mer, il se clôt sur le retour de la piraterie et donc toujours sur cette idée que le contrôle des territoires marins peut constituer une motivation pour de nombreux individus. En témoigne le débat sur la fonte des glaces en Arctique qui ouvrira de nouvelles routes commerciales et un accès à de nouvelles ressources énergétiques.
Sur la forme, une collection tout à fait bien conçue dont nous avions déjà parlé, des documents variés et clairs, des citations en gras qui permettent même un premier survol rapide de l’ouvrage si l’on souhaite se faire une idée générale et, dans ce cas précis, une plume qui navigue tout à fait gracieusement sur la feuille.
Barre à bâbord ou à tribord, au choix, la différence est également expliquée dans cet ouvrage qui nous rappelle également un très bon exposé sur la question lors du FIG 2012.